Danielle Leeman
Jacques Vauthier
Sciences à Paris 10
Rapport de la mission « Sciences à Paris 10 » établi par Danielle Leeman et Jacques Vauthier, et revu par les différentes parties concernées par la mission.
Objet de la mission : étudier les conditions de la mise en visibilité des sciences à Paris 10 et définir une proposition qui en permette la réalisation.
Remerciements : Danielle Leeman et Jacques Vauthier remercient particulièrement, pour leur attention bienveillante comme pour leur constante et aimable disponibilité, Olivier Audéoud, Président de l’Université, et Bruno Lefebvre, Vice-Président chargé des Etudes et de la Vie Universitaire, ainsi que Norbert Villard, du Service des Affaires juridiques de Paris 10 Nanterre.
Ils tiennent également à manifester leur spéciale reconnaissance à Christian Léonard et Pierre Fougères (Mathématiques), Claire Hanen (Informatique), André de Lustrac et Alain Priou (Sciences physiques & Sciences de l’Ingénieur) qui se sont chargés d’organiser les discussions dans leurs disciplines respectives, de mobiliser leurs collègues pour la participation de tous aux séances plénières, et de rédiger les descriptifs faisant l’état des lieux en matière de personnels, étudiants, filières, locaux, nécessaires au rassemblement des données pertinentes pour la constitution du présent rapport.
Le 28
février 2006
SCIENCES A PARIS 10
Sommaire
Introduction
p. 3
Objet
de la mission
Définition
de la mission
Déroulement
de la mission
Proposition
de solution
Un
point en suspens
Conclusion p. 7
La
constitution d’une UFR Sciences
Conséquences
concrètes
Regroupement
des formations
Définition
des statuts
Définition
des besoins en locaux
Définition
des besoins en personnels administratifs
Perspectives
Echéances p. 11
Synthèse de
l’argumentaire
Le rapport rend compte
des activités de Danielle Leeman et Jacques Vauthier
au titre de la mission « Sciences à Paris 10 », de la
solution à laquelle ils sont parvenus en accord avec les interlocuteurs
concernés, et des moyens de la mettre en œuvre entre mars et juin 2006 afin
qu’elle soit opérationnelle à la rentrée 2006.
La « mission sciences à Paris 10 » a été motivée
par la récurrence de remarques, questions ou suggestions plus ou moins nettes
ou explicites au cours de ces deux dernières années, de la part de différents
interlocuteurs ou experts (ceux du CNE, ceux du Ministère lors des discussions
liées à LMD, à l’évaluation des équipes, à la négociation du plan quadriennal),
qui toutes convergeaient sur la mise en cause de la pertinence de la présence
des sciences à Paris 10 (mathématiques, sciences physiques & sciences de
l’ingénieur).
Or Paris 10 se définit comme une université
pluridisciplinaire (sans exclure de son champ quelque discipline que ce soit),
voire interdisciplinaire – ainsi qu’en attestent certaines formations associant
des disciplines différentes (comme « Droit-Langues »,
l’un des points forts de l’établissement, ou le master STAPS, où interviennent
des mécaniciens, la licence MMIA et la filière MIAGE construites par les
mathématiciens et informaticiens), de même que certaines recherches menées en
collaboration (par exemple l’équipe 3932 « Sophiapol »
regroupant sociologie, philosophie, anthropologie politiques, ou le Laboratoire
d’Ethologie & de Cognition comparées (EA 3456) et le Laboratoire
d’Energétique & d’Economie d’énergie (EA 387) sur l’action
« Respiration/mesure de l’émotion ».
De surcroît, la
formation dans les sciences humaines & sociales inclut nécessairement à
l’heure actuelle une initiation (au moins) à la modélisation, qu’il s’agisse
d’informatique dans tous les domaines (y compris en littérature par exemple,
pour la maîtrise des grands corpus et de leur indexation entre autres), de
statistiques en matière d’économie, de démographie, d’urbanisme ou de
psychologie, ou de mathématisation du travail empirique dans le domaine des
sciences du langage ou du traitement automatique des langues et des industries
de la langue. Et réciproquement la nécessité de former des diplômés pluricompétents doit conduire les sciences dites
« dures » à intégrer au bagage de leurs étudiants une sensibilisation
(au moins) aux problématiques, points de vue et démarches des sciences
« littéraires ».
De même, du point de vue de la recherche, les sciences
humaines & sociales ne peuvent prétendre effectivement au label revendiqué
de « sciences » qu’en appropriant à leur objet la rigueur théorique
et méthodologique des sciences elles-mêmes, et les sciences « dures »
de leur côté ne peuvent plus prétendre s’isoler de l’humain et du social du
fait qu’elles sont constamment interpellées, conduites à donner des avis ou des
expertises dans ces domaines et de plus en plus inscrites dans l’intervention
économique ou juridique.
L’université de Paris 10 a précisément comme objectif de
rendre concrètement possible la réussite de ces évolutions (en matière de
formation et en matière de recherche), et elle en a les moyens par la présence
en son sein de scientifiques : en Mathématiques, en Informatique, en
Physique & Sciences de l’ingénieur et en Sciences de la vie.
Ce que révèlent les interrogations d’experts ou
interlocuteurs ministériels, c’est que la place des sciences à Paris 10 n’est
pas comprise du fait que l’importance cruciale que l’établissement leur
accorde, dans sa politique de formation comme dans sa politique de recherche,
ne donne pas lieu à une information suffisamment visible pour être convaincante
et incontestable, ni à une reconnaissance sur le campus même.
Le Président Audéoud a donc confié, début octobre 2005, à Danielle Leeman et Jacques Vauthier la mission « Sciences à Paris 10 », consistant à définir la manière de mettre les sciences en visibilité non seulement dans notre établissement mais aussi aux niveaux régional, national et international, de façon à renforcer l’attractivité de Paris 10 et donc à lui conférer une place de premier plan dans le paysage universitaire français – le rapport de mission devant être rendu en février 2006.
En octobre et novembre, D.L. et J.V. ont rencontré, discipline après discipline, les collègues de Mathématiques, Informatique, Sciences physiques & sciences de l’ingénieur, Ethologie et Information & communication. Les données ainsi rassemblées ont permis la rédaction d’un rapport intermédiaire, soumis au Président aussi bien qu’aux enseignants-chercheurs concernés, qui a en outre permis de dégager trois solutions possibles : (a) la constitution des mathématiques et de l’informatique en départements autonomes (en SEGMI et/ou SPSE), ou (b) la création d’une Maison des Sciences, ou (c) la création d’une UFR Sciences à l’université.
Le 16 décembre, ces propositions ont été discutées en séance
plénière (voir Annexe 3) et sont toutes trois apparues également
inappropriées : (a) la première ne résout pas le problème de la mise en
cause de la présence des sciences physiques & sciences de l’ingénieur à
Paris 10 ; (b) la seconde suppose la programmation en 2006 du bâtiment
dévolu à ladite maison, donc repousse sa réalisation effective en 2010 ou 2011,
par conséquent trop tard pour que soit respecté l’engagement de l’actuel
contrat d’établissement de constituer un pôle sciences à l’université. De plus,
cette solution suppose la définition d’un projet scientifique original, donc la
mise en place d’une réflexion approfondie et de longue haleine aboutissant à un
label crédible, ce qui ne peut s’improviser en quelques mois ; (c) la
création d’une UFR n’est pas subordonnée à la définition d’un projet
scientifique mais présente le même problème matériel que la solution (b) en ce
qui concerne son installation dans un bâtiment spécifique à construire de même
que les postes de ses personnels administratifs propres.
Il est ainsi apparu à D.L. et J.V. que la seule solution viable, étant la moins coûteuse
et la moins lourde à mettre en place, était celle de
la reconfiguration d’une UFR existante. Ils ont soumis cette proposition au
Président et à l’équipe présidentielle qui l’ont écoutée, ont contribué à sa
définition et lui ont donné leur aval (10 janvier 2006, voir Annexe 4).
La solution consistant en la reconfiguration de l’actuelle
UFR SITEC en une UFR Sciences a été soumise le 3 février 2006 aux différentes
disciplines a priori concernées (voir
Annexe 5). Se sont déclarées d’accord avec le principe et prêtes à entrer dans
la constitution de la nouvelle entité les Mathématiques, l’Informatique, les
Sciences physiques & sciences de l’ingénieur. Les éthologues et les
collègues d’Information & Communication ne sont pas prêts à les rejoindre
dans l’immédiat, préférant rester dans leur UFR de rattachement actuelle
(respectivement SPSE et LLPhi).
Un point en suspens
Telle qu’elle existe actuellement, l’UFR SITEC (Systèmes industriels et Techniques de communication) rassemble, de manière quelque peu factice, les Sciences physiques & de l’ingénieur d’une part, la Communication audio-visuelle et les Métiers du livre d’autre part. La partie « TEC » n’a guère sa place dans une UFR Sciences, d’autant que celle-ci n’inclura finalement pas Information & Communication, discipline avec laquelle la communication audio-visuelle et les métiers du livre ont des liens beaucoup plus naturels (et définis par l’institution).
Ce problème excédant les compétences de leur propre mission,
la proposition de D.L. et J.V.
est de définir une autre mission consacrée à une réflexion pour la définition
d’une entité homogène et visible rassemblant tout ce qui relève de
l’information, de la communication et des métiers afférents, y compris
éventuellement les « TIC » (Technologies de l’Information et de la
Communication) pour l’utilisation desquelles Paris 10 peut devenir un des pôles
français les plus actifs. La question se pose de manière urgente, dans la
mesure où l’UFR Sciences doit très rapidement être dotée de statuts révisés
compte tenu de sa nouvelle composition.
L’UFR Sciences est donc formée de trois départements : Mathématiques, Informatique, Physique et Sciences de l’Ingénieur. Elle devrait attirer sur Paris 10 la bienveillante attention du Conseil Général, qui a besoin d’afficher le plus rapidement possible un pôle scientifique dans le Département (voir Annexe 6).
Conséquences concrètes
●
Regroupement des formations
Il a de plus été défini, dans le cadre de la réforme LMD, une licence Mathématiques/Informatique/Sciences physiques à créer à la rentrée 2006-2007, pour laquelle la réticence du Ministère était due précisément à ses interrogations sur la place des sciences à Paris 10 : la construction de l’UFR Sciences entre mars et juin pour la rentrée 2006 devrait contribuer à permettre de lever cette hésitation (la confirmation de l’habilitation doit être demandée en avril).
Suggestion
de D.L. et J.V. : il serait bon de procéder à une
enquête auprès les lycéens pour évaluer le nombre d’étudiants a priori intéressés afin de pouvoir s’en
prévaloir auprès du Ministère d’une part, de particulièrement soigner
l’argumentation du côté de l’insertion professionnelle (si ce n’est déjà fait)
d’autre part, et enfin de mettre en perspective les partenariats internationaux
existants ou à venir pour le Master (Chine, Canada, Potsdam,
« étoile » Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Slovénie au centre de
laquelle se trouve Paris 10).
Un autre « plus » pour la visibilité de l’UFR
Sciences et son originalité, donc son attractivité, aux plans régional,
national et international, serait la mise en ligne de formations étendant son
rayon d’action en France et à l’étranger. La programmation de cet objectif dans
la demande d’habilitation à resoumettre en avril
constituerait un argument supplémentaire en sa faveur.
Nombre d’étudiants concernés
par les formations spécifiques
Licence MMIA : 80
étudiants
MIAGE : 42 étudiants
Master ISIFAR : 100
étudiants
MIAGE : 40 étudiants M1
[ouverture M2 en
2006]
Masters et licence Sciences de l’Ingénieur : 151
étudiants
______________________________________________
Total en 2005-2006 : 413 étudiants
+ en 2006-2007 : M2 MIAGE
Licence Mathématiques, Informatique, Physique
Etant donné les dates des Conseils de l’Université, une
proposition de statuts révisés munie de l’aval de la Commission des statuts
devrait être prête avant le mois de mai afin que le principe de la constitution
de l’UFR ainsi que les conditions de son installation effective soient soumis
au Conseil d’Administration du 29 mai 2006.
On trouvera en Annexe 1 la proposition en question, qui peut
donc être examinée par la Commission des statuts aux mois de mars ou avril.
Les experts A. Bonami et D.
Deschamps ont oralement promis de financer l’aménagement de locaux pour les
mathématiciens (vu l’excellence de l’équipe) si des surfaces leur étaient
attribuées par l’Université (réunion du 21 décembre 2004 à Paris 10 portant sur
la discussion du projet de contrat quadriennal proposé par l’établissement).
Le Président Audéoud
« maintient le principe « une UFR/un bâtiment » ; c’est
l’objectif qu’il faut atteindre » (17 février 2006).
Etat résumé des besoins en
locaux (voir tableau en Annexe 2)
Mathématiques : 630 m2 (sans compter les
salles d’enseignement)
Informatique : 246 m2 (sans compter les
salles d’enseignement)
Physique & Sciences de
l’Ingénieur : 300 m2 (hors Ville d’Avray)
Salle commune (cafétéria) : 150 m2
______________________________________
Total : 1326 m2 sur le site de Nanterre
Comme dans toute composante, les départements de l’UFR
Sciences doivent avoir leur secrétariat. Cela ne suppose pas nécessairement de
création de postes, puisque les Mathématiques et l’Informatique ont déjà un
secrétariat pour gérer leurs formations et diplômes. L’actuelle UFR SITEC
dispose évidemment aussi d’une responsable administrative ainsi que de
secrétariats pédagogiques.
Néanmoins, la création d’un poste d’Ingénieur-Système
ainsi que celle d’un technicien (prise en charge des serveurs, maintenance…)
sont crucialement nécessaires – le fait que des enseignants-chercheurs
assurent actuellement ces tâches de manière bénévole étant inadmissible sur le
principe, dommageable pour ce qu’ils ont à accomplir en matière d’enseignement
et de recherche (ils passent du temps à des tâches qu’il ne leur revient pas
d’assurer au détriment de celles qui les définissent en propre) et peu porteur
sur le plan de la crédibilité pédagogique et scientifique de la composante.
De même faut-il voir comment assurer la gestion
administrative des équipes, en procédant éventuellement à des mutualisations à
partir de ce qui existe déjà et en utilisant une partie de ce qui a été obtenu
au titre de la Campagne Recherche 2006.
|
Etat
résumé des postes administratifs |
|
|
Existants |
A créer |
Mathématiques Informatique Physique & Sciences de
l’Ingénieur |
1 (enseignement) 1 (enseignement) 4 |
1 (recherche) 1 technicien 1 ingénieur-système |
●
Perspectives
La mise en place de l’UFR Sciences en septembre 2006 va permettre aux
différents partenaires de se regrouper (les mathématiciens et les
informaticiens sont actuellement dispersés dans diverses UFR) et de se
rencontrer, pour en particulier discuter de leurs recherches respectives. De
cette mise en commun peut émerger un projet scientifique original constituant
le label propre de Paris 10 au plan régional, national et international, et
justifiant la construction d’une Maison des Sciences dans les 4 ans à venir. D.L. et J.V. suggèrent que cette
construction soit programmée dans le CPER de 2006, pour une disponibilité du
bâtiment en 2010.
Le présent rapport, comportant la description précise des besoins en
matière de personnels et de locaux, étant remis en février, la date de
l’engagement des moyens de fonctionnement devrait pouvoir être fixée en mars,
afin que le Conseil d’Administration puisse se prononcer en toute connaissance
de cause en sa séance du 29 mai 2006. Les filières MIAGE et ISIFAR commençant
leurs cours en septembre (la première parce qu’elle est professionnelle, la
seconde parce qu’elle est construite avec Paris 7), il est en effet nécessaire
de procéder avant les vacances aux réalisations techniques spécifiques qu’elles
demandent, qu’il s’agisse de la structuration administrative ou de
l’installation des locaux appropriés aux enseignements. Comme toutes les autres
composantes, l’UFR Sciences doit être installée dans un lieu rassemblant
bureaux d’enseignants-chercheurs et chercheurs,
bureaux administratifs ainsi que salles dévolues aux enseignements.
SYNTHESE DE L’ARGUMENTAIRE
● Contexte concurrentiel entre universités et écoles : Paris 10 doit
affirmer sa spécificité et son attractivité. Ses atouts :
-
pluridisciplinarité et
interdisciplinarité au niveau des formations et au niveau de la recherche
-
associant Sciences et Sciences humaines
& sociales, dans la droite ligne de l’évolution contemporaine des
politiques scientifique et d’enseignement
-
d’où la mise en visibilité des
sciences par la constitution d’une UFR proprement scientifique :
Mathématiques, Informatique, Physique et Sciences de l’Ingénieur – mise en
visibilité à laquelle l’université s’est engagée dans le contrat
d’établissement signé avec le Ministère
● Cette UFR
a sa place sur le site de Nanterre, comme toutes les autres ; il ne s’agit
pas d’une création ex nihilo mais d’une
reconfiguration qui peut s’opérer très rapidement (pour la rentrée 2006) à
partir de :
-
la révision des statuts existants
de l’actuelle UFR SITEC
-
l’attribution d’un lieu spécifique
selon le principe « une UFR/un bâtiment » rendue possible par la
redistribution des locaux à la suite de la mise à disponibilité de bâtiments
neufs
● Cette UFR
a d’ores et déjà ses formations propres, à quoi s’ajoutent :
-
dans l’immédiat, la filière
Mathématiques/Informatique/Physique à créer à la rentrée 2006 (la perspective
de la constitution de l’UFR Sciences à cette même rentrée devrait être un
argument supplémentaire pour lever des hésitations du ministère)
-
en perspective, les masters de
Physique d’une part, la mise en ligne d’un certain nombre de formations d’autre
part
-
ainsi que le développement de
formations internationales
●
La mise en
place d’une UFR Sciences commune va permettre des discussions scientifiques,
donc :
-
l’élaboration
d’un projet original constituant le label propre de Paris 10
-
qui
justifie la programmation d’une Maison des Sciences à Nanterre à construire
pour 2010.
● La
reconfiguration doit inclure la mise en visibilité propre de l’ensemble des
activités d’enseignement et de recherche liées à l’information, la
communication et les technologies nouvelles déjà présentes sur le campus.
Danielle Leeman et Jacques Vauthier, 27
février 2006